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Le Tarn et Garonne, un avant goût
d'Afrique ?
Mercredi 15/12/99 3h30
Introduction
Introduction
Découverte
de la 504
Essai
Repas
Départ |
Ca
fait maintenant une bonne demi-heure que le réveil sonne alors que je viens
tout juste de m'endormir. C'est pas le tout, mais un train m'attend en gare de
Valence à 4h26, à destination d'Agen...
A
10h55, à mon arrivée à Agen, le vieux m'attend. Pour qu'on se reconnaisse, il
m'avait proposer que je sorte de la gare un journal à la main mais j'ai pas
envie de lire le journal moi. De toute façon, je n'ai pas eu de difficulté à
l'identifier. Au téléphone, son accent "de brousse" à la limite du
compréhensible et sa surdité avancée en disaient long sur son physique... Il
n'était pas endimanché. Plutôt petit, un béret sur le cailloux, la peau
burinée par le soleil et des yeux rougeâtres soulignés par des poches
prononcées. Son fils, qui l'avait accompagné pour m'accueillir à la gare, la
cinquantaine, sortait du même moule quoiqu'il eut une tête de plus et une
carrure plus imposante.
Après
de brèves salutations, on monte dans la 405 Break pour parcourir les 30 km qui
nous séparent de Roquecor. Ce village de 300 habitants, idéal pour le tourisme
"vert", est en cours de colonisation par les Anglais. C'est là
qu'habitent mes hôtes et c'est par conséquent là que se trouve le véhicule
que je destinerai sans doute à me trimbaler aux quatre coins de l'Afrique de
l'Ouest...
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Découverte de la 504
Introduction
Découverte
de la 504
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Repas
Départ |
Lorsqu'on
arrive à la ferme, je n'ai pas de mal à identifier l'objet de mes
convoitises sous le hangar... Une mémé de 4m80 de long et de 1 350 kg . Il
s'agit d'une 504 break, propulsée par un quatre cylindres mazout de 2,1 l
développant... 59 chevaux ! La puissance d'une 205 diesel.
A
première vue, la voiture semble dégueulasse, quelques zones de rouille
ornant la jolie carrosserie blanche d'époque (1977). En fait, en y
regardant de plus prêt, elle réellement dégueulasse. A l'intérieur,
une couche de boue d'un centimètre d'épaisseur jonche le fond,
égaillée par moult détritus. De toute évidence, ce véhicule n'a
jamais été nettoyé et la terre au sol atteste du caractère argileux de
la région. Les sièges arrières baissés, le coffre a plus de deux
mètres de long et cette caractéristique a été largement exploitée
puisque le seul rôle de "mémé" était de transporter la
production de la ferme au marché d'Agen, une fois par semaine. Je
redresse la banquette arrière pour voir l'état de l'assise... Bon, mais
le sol est encore plus crade qu'à l'avant, il y a même une poire en
train de pourrir. J'avais alors trouvé la source de cette odeur
d'alcool. Elle provenait sans doute des générations
successives de poires, raisins, pruneaux, noix, pomme de terre qui ont pu
fermenter à bord (c'est la liste des échantillons retrouvés à bord).
Là,
je commençais à douter fortement de mon intention de rentrer à St Rambert en
voiture. De toute façon, je n'était pas venu là pour rien et il fallait au
moins que j'essaye cet "avion".
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Essai
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de la 504
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Repas
Départ |
Le
démarrage est déjà assez folklorique puisque, après avoir tourné la
clef, il faut vérifier que la manette d'alimentation est bien revenue à
fond, il faut ensuite maintenir le bouton des bougies de chauffe
enfoncé jusqu'à l'allumage d'un lampion (presque 2 minutes) et enfin,
pousser sur le bouton du démarreur. Malgré la température assez faible,
le moteur démarre plutôt facilement et semble tourner rond, sans bruit
parasite.
La
première déception de la conduite a été, après le réglage du siège, de
constater la merdasse que j'avais récupéré sur les phalanges. La
première difficulté a été de passer correctement les vitesses, au
volant et au nombre de quatre. Ensuite, il a fallu saisir le fonctionnement des
essuie-glaces (comodo de gauche que l'on tourne, de la même manière que l'on
mettrait les feux en marche sur une française récente et que l'on appuie pour
le lave glace, comme on klaxonnerait), des feux (on tire le comodo gauche pour
les feux de position puis on le descend pour les feux de croisement et on le
repousse pour les feux de route), du klaxon (on tire le comodo de droite
vers soi) et des clignotants (comodo de droite également). Sur la route, le
comportement n'est pas mauvais et les freins, même s'ils sont durs, seront
toujours suffisant pour bloquer les roues sur les pistes africaines...
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Repas
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de la 504
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Repas
Départ
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Au
retour, alors que l'on commençais à discuter, la femme du vieux nous
appela pour passer à table. Je commençais à m'essuyer les pieds pour ne
pas trop salir l'intérieur lorsqu'elle me dit : "houlala, vous en
faites pas, on est à la campagne ici, on tient pas les maisons propres
comme à la ville". Aïe, à quoi devais-je m'attendre pour le repas
? Ma foi, la table et les assiettes semblaient propres même si les
couverts présentaient une couleur pas très réjouissante aux
entournures... Mais peut-être s'agissait-il là d'une préparation à
l'hospitalité africaine ? Soit, je pris ça comme un entraînement
progressif et n'y fît plus attention, après tout, d'ici un mois, ce sera
avec les doigts et tous dans le même plat que l'on va manger. Pour
l'heure, c'était un potage qui nous attendait...
Menu
: soupe de légumes aux vermicelles, saucisson et beurre, petit-pois aux
oignons, canard rôti, fromage et pomme, le tout accompagné d'un rouge maison
qui n'avais rien de la piquette. Ensuite, pour accompagner le café, des
gaufrettes (rancies bien que le reste du repas fut très bon) et, comme je ne
prenais pas de café, un muscat maison. Le premier verre, issu d'une barrique
agitée, était très doux et parfumé mais complètement opaque. Ca les avait
visiblement dérangé puisque le deuxième servi venait d'une autre bouteille,
aussi bonne et parfaitement claire.
Hormis
l'hygiène approximative et l'hospitalité, une troisième caractéristique
évoquait pour moi l'Afrique : le temps. Comme l'hiver est la saison morte pour
ces agriculteurs, ils seraient capables de discuter avec un étranger durant des
heures et malgré leur sympathie, il fallait, de temps en temps, que je
"ré-aiguille" la conversation afin de ne pas connaître en détail la
vie de l'ancien du village d'en face qui faisait la route pour Agen toutes les
semaines à pied parce qu'on n'avait pas le temps de voir le paysage en bus...
Après
le repas, qui a duré près de deux heures, on abordait à nouveau le sujet qui
me concernait, la voiture. J'étais fermement décidé à ne la prendre qu'à un
prix nettement inférieur à celui négocié au téléphone ou à repartir en
train en raison d'un état qui ne correspondait pas exactement avec celui
annoncé. L'état mécanique paraissait correct et le dessous du châssis était
bon. Seulement, le problème venait de l'intérieur et des portières
(partiellement rouillées, aux joints et garnitures endommagés), ces dernières
n'étant pas totalement d'aplomb. Je savais que j'aurais quelques petits frais
à faire mais aussi énormément de temps à y consacrer.
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Départ
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de la 504
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Repas
Départ
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Finalement,
je me suis laissé convaincre par la valeur résiduelle de la voiture dont les
pneus et la batterie, neufs, représentaient déjà la moitié de la somme
demandée. En fait, la négociation a surtout porté sur les pièces fournies (3
portières, une culasse complète avec la pompe à eau et une pompe à
injection), des pièces que je n'aurai sans doute aucune difficulté à monnayer
en Afrique. Après avoir poliment décliné leur invitation à passer la nuit
chez eux, me voilà enfin parti, à 17 heure, sous la neige et à 90 km/h,
avec mon char d'assaut, en direction de Aix où j'ai passé la nuit avant de
rejoindre St Rambert. Et dire que je voulais partir tôt pour passer en Andorre
acheter éventuellement du matériel photo...
C'est
vrai que ce véhicule aurait été près de chez moi, je ne l'aurait sans doute
pas pris à la première visite mais là, si j'avais dû rentrer en train,
j'aurais perdu deux billets et deux jours pour me retrouver au même point, sans
compter peut-être de nombreuses heures d'attente en gare.
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